Comprendre les troubles liés à la maladie
Les principaux troubles : mieux les comprendre pour changer son regard sur la maladie
Pendant plusieurs années, la maladie peut rester silencieuse mais progressivement vont apparaître les signes cliniques, qui peuvent générer une véritable angoisse.
« Je me dis, si je ne sais plus conduire, faire mes courses, si je perds mes clefs, si je me perds, si je ne sais plus où je suis mon entourage va se faire un souci terrible. ».
Marcelline 72 ans vit avec la maladie d’Alzheimer depuis 6 an
S’ils ne sont pas tous présents, ils méritent néanmoins que votre entourage y soit attentif pour pouvoir les décrypter et vous aider à mieux les gérer.
Nous vous proposons d’en prendre connaissance pour mieux les identifier.
La perte de la mémoire immédiate ou amnésie :
Les oublis répétés concernant des évènements récents alors que les souvenirs anciens restent intacts sont les premières manifestations de la maladie comme le confirme Monique 65 ans qui vit avec la maladie d’Alzheimer depuis 2 ans : « Je ne comprends pas, je me souviens parfaitement des souvenirs de mon passé comme si c’était hier. Dans le présent, j’ai le sentiment que ma mémoire est comme une passoire, rien ne veut rester. ».
Puis ces pertes de mémoire vont progressivement toucher les épisodes de plus en plus anciens. Elles sont souvent niées par la personne par peur du diagnostic comme en témoigne Josiane 74 ans qui vit avec la maladie d’Alzheimer depuis 3 ans : « La première fois ou j’ai pris conscience que j’avais peut-être la maladie d’Alzheimer, c’est un jour ou je me suis aperçue que je posais la même question deux ou trois fois de suite comme le faisait ma mère et je me suis dit, je vais devenir comme ma mère ».
Les troubles du langage ou aphasie :
Après les troubles de la mémoire, les troubles du langage apparaissent de manière insidieuse, progressive mais discrète. Au début, trouver le « bon » mot est ardu, la personne va faire alors des périphrases ou employer un mot pour un autre mais au fil du temps comprendre ce qui est dit puis parler devient difficile. Le vocabulaire se réduit à quelques mots isolés, les phrases deviennent de plus en plus courtes et le langage peut devenir un jargon sans aucun sens pouvant aller jusqu’à la perte totale de communication.
Les difficultés à accomplir les tâches familières ou apraxie
Préparer le repas, mettre et débarrasser la table, faire la vaisselle, faire les courses, s’habiller, se déshabiller, gérer ses médicaments, son budget, tous ces gestes simples et naturels oubliés doivent être à nouveau explicités pour être exécutés puisque plus rien n’est évident comme l ‘explique Agnès 51 ans fille de Marcelline qui vit avec la maladie d’Alzheimer depuis six ans : « Il faut rappeler les gestes du quotidien, par exemple pour la douche , il faut mentionner toutes les étapes : se mouiller, se savonner , se rincer et se sécher. ».
L’incapacité à reconnaître les objets et les visages ou agnosie
Peu à peu la personne malade ne peut plus identifier les messages de l’environnement, elle ne reconnaît pas ce qu’elle voit et peut adopter des attitudes d’indifférence ou d’agressivité. Dans ce contexte, l’entourage doit savoir qu’il peut privilégier les autres sens pour rentrer en communication avec son proche par exemple identifier un objet par le toucher ou reconnaître un proche en écoutant sa voix.
A côté de ces perturbations, des troubles affectifs et émotionnels comme l’anxiété, la perte de motivation, le repli sur soi, l’irritabilité ou du comportement peuvent apparaître sous forme d’agitation, d’agressivité, de déambulation, de désinhibition ou d’idées délirantes. Beaucoup d’entre eux vont passer inaperçus ou au contraire être vécus de manière éprouvante .
Donnons la parole aux patients – Association France Alzheimer
Et pour aller plus loin :
Dossier Allo docteurs « comment communiquer avec des proches qui ont des troubles de la mémoire »
France Alzheimer « Les symptômes : comprendre pour faire face »
Face aux changements d’humeur ou de comportement : comprendre pour mieux s’adapter
Au fil du temps, le caractère de la personne change, ne pouvant plus mettre de mots sur son angoisse, ses difficultés, elle va s’exprimer autrement et l’agressivité peut devenir le mode d’expression de son mal-être. L’agressivité verbale : cris, menaces, insultes ou physique : morsures, coups, jets d’objets peut mettre à mal la relation avec votre proche.
Pour autant, soyez persuadé (e) qu’il/elle n’est pas conscient(e) de ses changements de comportement et qu’ils ne sont pas intentionnels, il ne fait pas « exprès » d’être désagréable et de vous embêter.
Même si ce n’est pas facile, ne vous sentez personnellement agressé (e) et dites-vous que ces mouvements d’humeur ne sont pas dirigés contre vous mais sont dûs à la maladie. Ne répondez jamais à l’agressivité par de l’agressivité, essayez de rester calme et souriant(e) et mettez en place la stratégie qui vous semble la plus adéquate : diversion, isolement pour quelques instants mais vous pouvez aussi chanter, mettre de la musique pour apaiser les tensions. Après coup, réfléchissez aux causes qui ont pu susciter ce débordement d’hostilité afin d’éviter qu’il ne se reproduise.
Et surtout quand vous sentez que votre seuil de tolérance est franchi et que vous avez du mal à contrôler vos réactions, n’hésitez pas à rencontrer des associations de patients ou à demander de l’aide aux professionnels de santé et à leur passer le relais.
« Parfois il vaut mieux sortir prendre l’air plutôt que de s’énerver parce qu’on en peut plus. ».
« Il faut rester zen mais parfois on a du mal. »
Agnès 51 ans accompagne sa maman Marcelline qui vit avec la maladie d’Alzheimer depuis six ans